Vendre les terres au plus offrant : Le plan de la Banque mondiale pour privatiser les biens communs détaille comment la Banque préconise des réformes, via un nouvel indicateur foncier dans le projet EBA, encourage les acquisitions de terres à grande échelle et l’expansion de l’agrobusiness dans les pays en développement. Ce nouvel indicateur est désormais un élément clé de l’initiative EBA, qui dicte les réformes favorables aux entreprises que les gouvernements devraient mener dans le secteur agricole. Initié comme projet pilote dans 38 pays en 2017, l’indicateur foncier devrait être étendu à 80 pays en 2019. Le projet est financé par les gouvernements des États-Unis et du Royaume-Uni et par la Fondation Bill and Melinda Gates.
Down On the Seed, the World Bank Enables Corporate Takeover of Seeds, exposes that while the World Bank claims to promote “smart and balanced policies,” its Enabling the Business of Agriculture index blatantly ignores farmer-managed seed systems. Instead, it reinforces the stranglehold of agrochemical companies and Western nations by pushing for intellectual property rights in agriculture, so that private breeders profiteer from the use of their seeds by farmers.
The Unholy Alliance, Five Western Donors Shape a Pro-Corporate Agenda for African Agriculture, exposes how a coalition of four donor countries and the Bill and Melinda Gates Foundation is shaping a pro-business environment in the agricultural sector of developing countries, especially in Africa. Download the report and donor factsheets at the Oakland Institute website.
In March 2014, the multicontinental campaign Our Land Our Business was launched to demand the end of the World Bank’s Doing Business project and Benchmarking the Business of Agriculture (BBA) initiative, recently renamed Enabling the Business of Agriculture (EBA). Bringing together over 260 NGOs, farmer groups, grassroots organizations, and trade unions, Our Land Our Business condemns the World Bank business indicators, which rank countries on their investment climate for pushing a one-size-fits- all model and facilitating large-scale land grabs in developing countries.
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Resumé
Créée en 1944 dans le but d’agir pour réduire la pauvreté, la Banque mondiale, dont le siège se trouve à Washington, est une institution qui fournit de l’assistance financière et technique ainsi que des services de conseil pour le développement dans les pays pauvres et en transition.
Malgré ces objectifs louables, les activités de la Banque mondiale ainsi que son influence excessive sur la gouvernance des pays en développement ont soulevé de fortes critiques au cours des années. D’innombrables manifestations ont dénoncé l’agenda néolibéral de la Banque lorsqu’elle imposait des politiques de conditionnalité injustes, des mesures d’austérité niant le droit des personnes à la santé et à l’éducation, soutenait des projets aux conséquences environnementales destructrices ou fournissait un allègement fictif de la dette des pays. Les programmes d’ajustements structurels (pas) mis en œuvre dans les années 1980 ont appauvrit des millions de personnes dans les pays en développement du fait de l’imposition du retrait de l’etat et de la libéralisation radicale des économies comme conditions nécessaires pour recevoir les prêts de la Banque et du Fond monétaire international. Les pas ont été critiqués de toutes parts par la société civile jusqu’à leur abandon officiel en 2002.
Aujourd’hui, les politiques de la Banque mondiale restent fondamentalement favorables au secteur privé et reflètent une vision néolibérale de l’économie. c’est notamment le cas dans le secteur agricole, où la Banque prône un modèle industriel et l’intégration des agriculteurs du sud au marché mondialisé. Le crédo du « commerce plutôt que l’assistance » (‘trade not aid’) a été le moteur des investissements directs étrangers (iDe), mis en avant comme la solution miracle pour aider les pays en développement à se convertir aux méthodes d’agriculture commerciale qui réclament des investissements importants en équipement et intrants.
Alors que près de 80% de la nourriture consommée en afrique sub-saharienne et en asie est produite par les paysan-ne-s, la Banque néglige l’importance de l’agriculture familiale pour assurer un développement rural durable et la sécurité alimentaire des pays. L’agriculture familiale est pratiquée sur 80% des exploitations dans le monde en développement. ce sont donc les investissements des paysan-ne-s, et non les iDe, qui soutiennent le développement rural et doivent être encouragés. accentuant sa déconnexion avec les réalités de terrain, la Banque choisit d’ignorer le bilan négatif des iDe dans les pays receveurs. Les collectivités rurales et les petits agriculteurs ont été des victimes récurrentes de projets de « développement » soutenus par les iDe qui ont abouti à d’importants dommages environnementaux, au déplacement forcé des communautés locales, et ont restreint ou définitivement empêché leur accès à la terre et aux ressources qui soutiennent traditionnellement leurs modes de vies.
En 2010, l’oakland institute exposait le rôle de la Banque mondiale qui par le biais de ses politiques de soutien aux grands investissements agricoles a contribué au phénomène
d’accaparement des terres et à l’appauvrissement des communautés rurales et des paysan-ne-s. L’un des outils clés de la Banque pour promouvoir l’investissement privé est le classement annuel Doing Business (DB) qui note les pays en fonction de la façon dont leurs lois favorisent, ou non, « le climat des affaires » . Bien que la Banque mondiale n’ait aucune autorité ni légitimité pour évaluer et classer les nations, l’indicateur DB impacte fortement la gouvernance et les politiques des pays car le classement annuel est suivi de près par les investisseurs du monde entier, influence les financements de la Banque ainsi que ceux d’autres bailleurs de fonds. par conséquent, le DB pousse les nations à rivaliser dans la dérégulation de leurs économies et l’abandon des exigences sociales et environnementales, dans le but de réaliser une meilleure performance au classement annuel. Bien que le DB ne soit pas directement focalisé sur le secteur agricole, il a pour effet collatéral de faciliter l’accaparement des terres en plaidant pour la «protection des investisseurs» et la réalisation de réformes foncières qui font de la terre un bien commercialisable et facilitent les grandes acquisitions de terres.
Ne tenant absolument pas compte de ces effets néfastes, la Banque mondiale met en place de nouveaux projets qui amplifient, via les iDe, le pouvoir des entreprises étrangères dans le secteur agricole des pays en développement.
En 2013, la Banque a ainsi lancé le Benchmarking Business de l’agriculture (BBa), un indicateur se basant en partie sur la méthodologie du DB. son but officiel est d’« instruire et encourager des réformes politiques conduisant à un secteur agricole plus moderne, reposant principalement sur des exploitations familiales commercialement viables». cependant, la Banque ne démontre pas comment les paysan- ne-s bénéficieront de l’évaluation de leur propre secteur agricole. au contraire, les investisseurs agro-industriels semblent bien être les principaux bénéficiaires de ce projet qui sous-tend la promotion de politiques foncières néolibérales et davantage de dérèglementation des secteurs agricoles. Le classement Doing Business et le Benchmarking the Business of agriculture encouragent davantage de libéralisation économique au profit d’entreprises privées et au détriment des citoyens des pays en développement.
Ces instruments constituent ainsi les versions actuelles des programmes d’ajustement structurel (pas). il est urgent d’agir pour mettre un terme au classement DB et pour stopper le développement du BBa, afin de stopper l’accaparement des terres et la dépossession des paysan-ne-s.